Les oubliés du periph.

Les oubliés du periph.
Travaillant sur la pauvreté en France depuis plus de 20 ans, j’observe, depuis 2011-2012, une multiplication de petits ou de plus grands campements de fortune, autour de l'axe routier le plus fréquenté d’Europe : Le Périph’ parisien.
J’ai commence ce sujet fin 2014. Il m’a fallu parcourir des kilomètres sur les abords du périphérique avec le bruit, la pollution le danger des voitures, les longues marches le long des bretelles d'accès, les passages souterrains, scruter les moindres recoins. A force de persévérance, j’ai pu rencontrer des habitants sur plusieurs campements. Certains ont accepté ma présence, mais il a fallu beaucoup de temps pour expliquer ma démarche et faire accepter ensuite l’appareil photo. Les personnes rencontrées craignent avant tout d’être délogées de leurs cachettes, de perdre la « tranquillité » qu’ils disent avoir trouvée. Dévoiler leur emplacement et témoigner de leur quotidien relève pour elles d’une réelle prise de risque. Souvent en rupture avec tout système ou prise en charge sociale depuis de longues années, elles pensent qu’elles ont plus à perdre qu’à gagner en se livrant à des tiers. Le boulevard périphérique Parisien est un axe de bitume, de 35 Kms autour de la capitale, et comprenant 38 portes. J’ai choisi de vous montrer certains campements, ceux qui ont accepté mon boitier. J’ai fait une sorte de tour du monde, rencontré toutes les nationalités. Ces populations, très méfiantes et en situation d’extrême précarité, survivent de petits boulots, font la mendicité. A l’écart de la société, elles connaissent la débrouille pour tout système. C ‘est une zone de non droit, abandonnée de tous. Après avoir photographié les entrailles de la misère à Paris pendant plus de 20 ans, j’ai poursuivi mon travail. Pour écrire ce chapitre, pour ceux qui restent à la porte d’une des plus belle capitale du monde, dans cette zone fugacement aperçue par les automobilistes et largement ignorée des pouvoirs publics il sont les oublies de Paris .